Manuel d’écriture et de survie ; Martin Page

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___Manuel d’écriture et de survie

Martin Page

Seuil

176 pages

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__« Martin Page répond aux lettres d’une jeune écrivaine prénommée Daria. Tout en lui donnant des conseils d’écriture, il esquisse des moyens de se débrouiller avec le monde, avec le milieu littéraire, avec ses propres névroses et fragilités. Au fil de ce dialogue, il brosse aussi une sorte d’autoportrait. Entre dépression et exaltation, il nous parle de l’art sauvage de l’écriture, un art encore jeune, riche de possibilités. Sans escamoter la dureté sociale ni la réalité des coups et des blessures, il défend l’imagination comme forme de résistance et de création intime. La littérature est un sport de combat autant qu’un des grands plaisirs de l’existence.»

Mon avis

__J’ai fait la rencontre de Martin Page grâce à vos blogs, principalement grâce à « Je suis un dragon » qui se trouve dans ma Wishlist. Récemment, je vous parlais de ma commande Occasion, et je songeais bien mettre la main sur ce Martin Page, sauf qu’évidemment, je n’ai pas pris le dragon, mais bel et bien ce manuel d’écriture et de survie. Le secret de l’écriture avant tout, les amis ! 

__ » Être soi, c’est être plusieurs »
p.102

__J’ai mis plus de temps qu’il le faudrait à le lire, pour la simple et bonne raison qu’il s’agit de lettres, et comme pour la poésie, je me laisse du temps pour savourer. Recueil ou témoignage – épistolaire, nous nous retrouvons face à un échange entre Martin et Daria, sauf qu’absentes resteront les missives de Daria (on parle deux secondes de la construction de la phrase ou non?) Au départ, je dois admettre que ce choix m’a un peu dérangé. Oui, j’ai du mal avec le fait de n’avoir qu’une seule voix, puis finalement, on s’y fait. On s’y fait parce que l’auteur arrive excellemment à nous transposer ce qu’il y aurait pu avoir dans les lettres de la jeune femme. C’est compréhensible, fluide, et bien pensé.

__« Dès qu’un livre me plaît, j’essaye d’écrire à son auteur. Parfois ça donne lieu à un échange. Parfois une amitié naît. Je ne suis pas sociable, je déteste les soirées et les fêtes. Dès qu’il y a plus de cinq personnes dans une pièce, je me sens comme un animal en danger, j’ai envie de fuir. Internet, et la correspondance au sens large, est une bénédiction. »
p.10

__On comprend vite que Daria a écrit à Martin suite à la lecture d’un de ses romans, parce qu’elle a été touché, parce qu’elle a aimé. S’en suit une correspondance, et cet extrait (ci-dessus). Dans ce manuel, nous suivons une conversation entre deux artistes (et croyez-moi, j’ai un problème avec ce terme-ci, mais je vous en parlerai un jour) sur ce qu’est la littérature et l’art en général. À travers leurs parcours, leurs histoires, nous sommes invités à entrer dans les coulisses de la création. Tout y passe, rien est oublié. Il est question de la solitude, ou son contraire – choisir d’écrire ou de travailler en atelier, pour être seul(e) mais entouré(e). Il est question de la jalousie entre écrivains, ou entre artistes. Il aborde le fait de s’inspirer, de se nourrir, des gens qu’on admire. Nous sommes tous la continuité de ceux qu’on admire – ou presque (la talent parfois en moi,s, mais c’est un autre sujet). Forcément s’ensuit la question du plagiat. Dans ce manuel nous entrons dans le monde d’un auteur ; sa façon de créer, ses idées qui vont dans tous les sens, qui se figent, qui se perdent, qui s’oublient, qui évoluent, et j’en passe. Dans ce petit livre, on vit les moments de pages blanches, de manque d’inspiration, de doute. Il y est aussi question d’énième relecture, d’angoisses, de peurs, de victoires, d’échecs. Il et question de vie précaire, de se « battre » pour son art. Rien est oublié, je le disais. On lit ce recueil avec passion – en tout cas moi, je l’ai lu avec intérêt. On suit son parcours, ses états-d’âmes, et me suis trouvée plusieurs points communs avec l’auteur – sur sa manière de pensée – ce qui aide grandement pour apprécier le livre, je l’admets. J’aime son discours sur la littérature et la musique. Sur sa relation avec le dessin. Sur la littérature dite de « Divertissement ». Oui, j’étais d’accord avec lui la plupart du temps. Ce que j’ai aimé aussi, c’est que sous fond de manuel d’écriture – ou suit vis ma vie d’écrivain, il y a une histoire ; une amitié que se crée, avec le temps, à travers les enveloppes, et les projets de Daria, mais là, je vous laisse la découverte entière.   

__« Enfin, il est temps de partir. On s’embrasse. Je quitte le bâtiment avec cette certitude : la beauté réside dans nos maladresses, nos hésitations, nos failles et nos imperfections. La beauté est partout, tout le temps et chez tout le monde. »
p.96

__Vous l’aurez compris, ce recueil est une jolie surprise. Simple, sans prétention. Il y a de fortes chances que je l’ouvre de temps en temps. Nous avons tous de bonnes raisons de le faire; passer dans les coulisses de la création, ou pour les créateurs, se retrouver un peu.
À noter : j’ai aimé le fait qu’il n’y ait pas trop de paillettes. La vie d’auteur peut nous faire rêver, oui, et il raconte ses excellents côtés, mais aussi les moins bons. Comme j’ai un besoin obsessionnel de vérité, j’ai aimé ces 176 pages. C’est dit. 

★★★★

28 réflexions sur “Manuel d’écriture et de survie ; Martin Page

  1. Electra dit :

    Quand j’ai lu ton billet, j’ai cru voir arriver des bémols mais non au final tu as bien aimé !
    ton avis sur le mot « artiste » ? d’ailleurs tu dis qu’elle est aussi artiste, mais elle fait quoi dans la vie ?
    bref, je fais ma curieuse ! Contente que tu aies aimé en tout cas. Comme quoi ton craquage était bien intuitif !

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    • Quaidesproses dit :

      Des bémols il y en a, mais j’ai préféré les taire parce qu’ils ne sont pas dérangeants.
      Je trouve que le mot « Artiste », de nos jours, est mal utilisé. On qualifie quelqu’un d’artiste pour tout et pour rien. Alors que pour moi, ça a quelque chose de noble. Plusieurs fois on m’a présenté en tant que tel, et je déteste ça… sous principe que je griffone, je peinturlure, j’écris… mais je n’en suis pas une pour autant. J’ai trop de respect pour ceux qui le sont. Voilà pourquoi, avec le temps, un sentiment bizarre envers ce mot, m’a envahie.
      Oui, Daria, comme l’auteur écrit et cherche à être publiée.
      Hier, j’ai paniqué, je n’avais plus accès à ton blog ! Apparemment tout est revenu dans l’ordre ! Ouf !

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  2. Elisa dit :

    Martin Page est un auteur dont j’ai aimé plusieurs titres. Je ne suis pas très fan des romans épistolaires mais là, je ne vais pas laisser passer. Je le mets dans ma liste, merci pour la chronique :)

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    • Quaidesproses dit :

      Ah oui? Tu as lu lesquels?
      Essaie celui-ci, oui, en tant que créatrice le sujet devrait vraiment te plaire – même si, garde à l’esprit qu’il aurait pu aller encore plus loin.
      Si tu te lances je te souhaite une jolie lecture

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