Les Clameurs de la Ronde ; Arthur Yasmine

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Les Clameurs de la Ronde

Arthur Yasmine

Carnet d’Art

Poésie

90 pages

Réception

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Le jeudi, c’est poésie… même le lundi ! 

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Mon avis

J’ai hésité longuement avant de vous mettre la quatrième de couverture, puis finalement, je me suis dit que non… j’allais plutôt vous donner une phrase marquante du premier mail : « Arthur Yasmine, élevé dans la violence des sphinx, grandit perdu par la nuit, s’en sortit en baisant le tour du Feu. »
En effet, l’auteur – le poète, m’a contacté grâce à ma chronique sur Valence Rouzaud. Aujourd’hui, je comprends mieux pourquoi. Des sujets les rassemblent. La poésie, bien sûr, mais surtout une certaine rébellion ; l’un face à une poésie presque passive, l’autre, face à ceux qui se regardent écrire (même si loin de moi l’idée de les réduire). Sans Valence Rouzaud, je n’aurais peut-être pas eu l’occasion de lire Arthur Yasmine. Et sans Shakespeare, Baudelaire, Vian, Rilke, je n’aurais jamais lu Valence Rouzaud. Ainsi de suite. 

« Se battre dans la ronde. Chercher à l’aimer pleinement. Nier tout dans le fracas des comètes. Dire oui par l’ouverture du ciel. Faire jaillir la parole comme un poignard. La faire briller comme un talisman. La mettre à l’épreuve de l’existence. Écrire à nouveau. Vivre encore. – Être poète. – Pour tout ça. »
Avis au lecteur
p.9

Dans ce premier ouvrage on côtoie le Drame. Le drame face à l’Action, face à l’Amour, face à la Poésie. C’est aussi écrit en quatrième.
L’avis au lecteur est une gifle et une définition à ce qu’est et restera, ou devrait rester, la Poésie. Celle de Poètes morts; ceux qu’Arthur Yasmine aime, qui l’inspirent, ceux qui l’ont inspiré, mais aussi la poésie des vivants; de ses frères bien présents, qui sont également les nôtres  – à qui veut bien l’entendre, le voir, ou l’admettre, bien sûr.
Ce recueil nous présente sept années d’écriture. Le cœur battant, évidemment. L’amour; sa passion dévorante et déchirante. L’esprit vif de l’auteur. Sa main aiguisée, sa rage, ses douleurs, son regard critique sur une société presque comique, et son embrassement. C’est un livre riche; par le fond, par la forme.
Coup de poing et coup de cœur pour cet avis au lecteur, oui, mais aussi pour la lettre sur l’animalité. Ces fragments sont des pépites. Peut-être ce que j’ai aimé le plus, d’ailleurs.
Alors, il y a ces fragments, oui, mais aussi cette correspondance ; datée, intense, passionnée, tourmentée, sombre, et inachevée – en quelque sorte. Nous côtoyons le bonheur, puis le désespoir.  Il y a ces poèmes, ces messages, cette prose, ces rimes. Une certaine construction qui reprend plusieurs sujets, et qui prend tout son sens. On sent l’urgence à chaque ligne, à chaque phrase, à chaque vers, et croyez-moi, j’ai aimé, beaucoup aimé. Je ne vous en dirais pas davantage sur le contenu, puisque le mieux, serait de le découvrir par vous-même.

« À notre vie incendiaire, et ces bulles de brumes, quand l’or brûlait du néant. »
Le matin des mendiants – Mars 2011
p73

Je l’ai reçu il y a quatre jours maintenant (à l’heure où vous voyez la chronique), et je l’ai déjà lu deux fois. C’est certain que d’autres relectures suivront.  J’ai eu l’impression, à plusieurs reprises, que l’auteur me parlait à l’oreille, m’expliquait, me racontait, parfois avec douceur, parfois avec violence. Je me suis sentie parfois concernée, souvent touchée, parfois consternée (j’y reviendrai). Puis surtout, j’ai retrouvé la fougue et la vitalité que je soupçonnais dans nos échanges. Je dois admettre que c’est plaisant. C’est plaisant quand quatre-vingt-dix pages arrivent à vous bousculer, à vous atteindre. Alors bien sûr, c’est là où j’en viens aux choses les moins aimées – le but de ce blog étant d’être honnête, mais elles me sont totalement personnelles, voire subjectives (puisque je me suis déjà posée la question dans d’autres chroniques) ; il y a d’abord une certaine arrogance qui m’a égratignée, jusqu’au moment où l’auteur lui-même l’aborde – j’en ai souri, je l’ai « excusé ». Ensuite, il y a l’échange dans les correspondances qui m’a paru, à certains moments, un peu adolescent. Nous passons du sublime au plus enfantin.. mais comme je change d’avis très vite – et que je connais le poids de l’amour, son intensité inexpliquée et inexplicable, parfois même incompréhensible aux yeux des autres/ et des nôtres (même si nous croyons la percevoir de manière lucide ce qui est totalement faux, disons-le, mais là, je me parle à moi-même, et je ne suis pas certaine que vous compreniez ce que je raconte, donc je vais arrêter cette parenthèse ainsi..) malgré ces deux petits bémols : j’ai Adoré. C’est tout ce qu’il faut retenir !

Quoi qu’il en soit, il serait bon de vous laissez imprégner par ce livre, ou d’essayer.
C’est un auteur à suivre, je vous le dis-prédis. 

Je vous laisse avec un zeste de jalousie ! Puisque, j’aurais aimé écrire la phrase suivante :

« Et dis-moi, si tu n’étais pas parti, où en serions-nous? »
Je t’espère ; Correspondance
p.47

Comme quoi, écrire c’est de croire qu’une phrase à première vue évidente est finalement ce qu’il y a de plus difficile.

Quatrième de couverture

SITE ARTHUR YASMINE

Chronique plus complète sur le contenu.

24 réflexions sur “Les Clameurs de la Ronde ; Arthur Yasmine

  1. Electra dit :

    Le jeudi c’est poésie et nous sommes lundi ! Très belle chronique comme d’habitude – tu aimes les mots et ils te rendent bien ! J’aime aussi quand tu abordes les parties les moins aimées – deux fois en quatre jours et déjà un billet, oui on peut parler de coup de foudre !

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    • Quaidesproses dit :

      Il ne faut absolument pas se fier à mon calendrier… aha.
      Merci pour ma chronique, c’est toujours rassurant de voir qu’elle est appréciée. Coup de foudre? Je n’y avais pas pensé, mais en effet, il s’est passé quelque chose avec ce livre-ci.

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